Bonjour Catherine ! Pour commencer, peux-tu nous dire qui tu es et quel est ton parcours ?
Catherine, 46 ans encore pour une semaine, je suis professionnelle dans le domaine de la formation et de la pédagogie pour adultes et scolaires. Victime d’un double AVC en 2018 dû à une malformation de la carotide, j'ai dû réapprendre à marcher et je suis restée plusieurs mois en rééducation. Les AVC me laissent un handicap à vie : une hémiplégie à gauche bien visible mais aussi la perte totale de la sensibilité profonde de mon côté gauche qui a pour principale conséquence le non équilibre. Seule la vue aujourd’hui me sauve des mouvements à gauche. Je ne peux pas marcher la nuit par exemple ou dans de l’herbe haute ou des sols non plats. En terme médical on parle de la proprioception. Ce handicap est irréversible mais se travaille tous les jours, je marche dès que je peux le faire, j’essaye les graviers, le sable, l’eau. Et je gère tout mon quotidien seule (cuisine, courses, ménage etc). Je marche avec une canne dans la rue donc les gens n’ont aucune idée du handicap invisible qui est pourtant bien présent. Une bataille quotidienne pour une place dans un bus, dans un magasin, dans un train etc. Je me suis relevée de cette épreuve comme celles de ma vie les plus terribles. J’avais tout perdu il y a 5 ans. Ma grande force et chance aujourd’hui c’est de n’avoir eu aucune séquelle cognitive. J’ai donc pu reprendre mon poste 8 mois après les AVC, notamment pour une question financière mais pas que…un nouveau logiciel était installé et c’était un vrai challenge de pouvoir me l’approprier le plus rapidement possible. Depuis j’ai accès à des postes qui me demandent beaucoup de réactivité et de polyvalence : ce que je suis en capacité de faire. Peux-tu maintenant nous dire pourquoi tu as rejoint DareWomen ? J’ai découvert l’association DareWomen par une amie qui m’a envoyé le lien d’une réunion d’informations DareWomen Handicap via les réseaux sociaux en juillet dernier. J’ai assisté à la visio et je me suis inscrite directement. Les mots de Frédérique, Charlotte et Margaux ont de suite résonnés en moi et c’est devenu une évidence de devenir rapidement adhérente. J’ai très vite trouvé le soutien, l’écoute et des témoignages réguliers des unes ou des autres permettant à chaque fois d’enrichir ses connaissances. C’est aussi ce que je cherche en dehors de mon environnement personnel et professionnel. J’ai toujours aimé échanger et aller à la rencontre d’autres personnes pouvant vivre les mêmes problématiques personnelles ou professionnelles. Faire ce portrait est un bel acte d’audace, comment as-tu réussi à passer à l’action ? Faire ce portrait est pour moi la continuité des actions mises en place depuis ce double AVC. SI je n’avais pas été chez ma sœur urgentiste ce soir-là qui a de suite reconnu les signes, clairement je ne serais pas là pour témoigner aujourd’hui. Je me suis battue dès le départ et encore aujourd’hui j’ai eu cette chance, cette double chance d’être encore ici et bien vivante. Suite à la rééducation, un documentaire avait été fait sur « mon retour à une vie normale », j’ai eu l’occasion de participer à des podcasts et ensuite avec DareWomen à des vidéos. La prévention et l’information sont primordiales pour se faire connaitre, reconnaitre, comprendre et respecté(es). Quel message souhaites-tu passer à travers ce témoignage ? Mon message est que l’on peut avoir de grandes opportunités dans la vie lorsqu’on se croit d’un flou total au quotidien. Par exemple l’année dernière, du jour au lendemain, on a dû ma collègue et moi, s’adapter à un changement total de pratiques professionnelles, communiquer différemment, à distance. Pendant des mois j’ai énormément travaillé, mais je me suis rendue très vite compte que ce télétravail était très bien adapté. Plus de transport, beaucoup moins de stress et de fatigue. Malheureusement mon état de santé s’est dégradé après ce confinement dû au manque de soins possibles. J’ai dû donc faire 2 fois plus d’efforts, d’exercices et de kiné car ma marche était en jeu. Je suis donc passée à un télétravail à temps complet. A ce moment-là tout a été très vite. J’ai eu le soutien de Margaux et de la chargée au handicap de mon entreprise notamment. Tous les boosts qu’on peut se transmettre ensemble, s’apporter, m’ont permis de revenir auprès de ma famille, mes amis et quitter la région parisienne. C’est pour moi un vrai acte audacieux mais qui a été possible finalement au milieu d’une crise. Puisque tu es sur le chemin de l’audace, quelle est ta prochaine action audacieuse ? Je l’ai réalisée cette semaine ! Nous avons eu un sondage pour connaître nos « mobilités », questionnaire anonyme mais j’ai osé, j’ai mis tout ce que je souhaitais en mobilité interne et j’ai inscrit mes coordonnées pour être rappelée par les RH. On verra la suite mais au moins tout est écrit. Aujourd’hui des postes se ferment à moi à cause de ce télétravail, beaucoup le vivent mais à distance ça ne peut fonctionner que si on communique. La rétention d’information, les longs dialogues sur teams sans réponse et surtout ce désintérêt total pour ce que l’on est capable de faire en télétravail -et croyez-moi je bosse énormément- sont de plus en plus difficiles à gérer. Les mentalités doivent évoluer, il vaut mieux un salarié en forme et productif. J’ai aussi dans la foulée proposé ma candidature pour être mentor au sein de DareWomen en tant qu’accompagnatrice professionnelle. Je reviens à l’essentiel de mon métier et de ma formation : l’échange, l’apport, la construction, tout cela dans la motivation pour toujours avancer et trouver ensemble des solutions adaptées. Témoignage recueilli et rédigé par Maéva Mazars
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Septembre 2024
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